Le Guide Michelin 2012, en librairie le 1er mars, accorde une première étoile tout à fait inattendue, encore que méritée, au Restaurant Diane, la table haut de gamme située au premier étage du Fouquet’s qui était cette semaine encore objet de polémique au sein de la campagne présidentielle. Interrogé par David Pujadas au journal de France 2 sur la fameuse Soirée au Fouquet’s en compagnie de ses amis du CAC 40, Nicolas Sarkozy a (difficilement) lâché : « Si c’était à refaire, je ne viendrai pas dans ce restaurant…puisque ça a été le début du feuilleton. » Et d’annoncer qu’il aurait l’occasion « d’en parler aux Français. » (On peut voir la vidéo sur Rue.89). Nous n’avons donc pas fini d’entendre parler du Fouquet’s ! La campagne présidentielle va pouvoir s’affranchir des questions subalternes – la dette, la crise, l’Europe, l’emploi – pour tout révéler sur cette fameuse soirée, digne de l’Olympe caché aux mortels par les nuages, sur lequel les dieux de la Grèce antique, en compagnie des géants du CAC 40, passaient leur temps à festoyer, leur boisson favorite étant le célèbre nectar et surtout l’ambroisie qui les rendaient immortels. Le Guide rouge étant édité sous l’égide de la société clermontoise de pneumatique – alors que Michelin est un membre éminent du CAC 40 – certains souligneront qu’une nouvelle fois Voltaire avait raison : « Mon Dieu, protégez-moi de mes amis, mes ennemis, je m’en charge. » L’on aurait sans doute tort de voir malice dans cette promotion, car la cuisine du Diane, supervisée par Jean-Yves Leuranger, meilleur ouvrier de France, avec un menu à 68 € au déjeuner, est agréable et raffinée. Mais empêchera t’on les esprits voltairiens de penser qu’une main amie est intervenue pour corriger l’image Bling-Bling du Fouquet’s en l’accueillant parmi les étoilés ? Voltaire voilà l’ennemi, diront ceux qui brocardaient Madame de Lafayette et sa Princesse de Clèves, se ralliant à l’avis de Paul Claudel : « L’imbécile et dégoûtant Voltaire, pareil à un grand vieux singe pisseur !»