Changement de chef chez Lasserre : Christophe Moret succède à Jean-Louis Nomicos

Christophe Moret jusque là chef du restaurant Alain Ducasse au Plaza Athénée, prendra sous peu la direction de la cuisine de Lasserre où il remplacera Jean Louis Nomicos, qui devrait s’installer à son compte. La représentante genevoise des propriétaires de Lasserre (ayants droit du banquier Edmond Safra, mort accidentellement à Monaco en 1999 qui avait fait l’acquisition de Lasserre en 1996) a pris cette décision au moment où Alain Ducasse prépare une petite révolution au Plaza Athénée : changement du décor, nouvelle carte, nouvelles équipes, avec l’arrivée d’un nouveau chef de cuisine courant septembre. Est-ce à dire que la canette de Challans à l’orange et le pigeon André Malraux, deux plats emblématiques de Lasserre, vont disparaître de la carte ? C’est peu probable. Certes la clientèle n’est plus celle des années d’après guerre, lorsque le roi Farouk, le duc de Windsor, le chancelier Adenauer croisaient Martine Carol, André Malraux et Salvador Dali, mais le plafond escamotable, peint par Touchagues, continue d’entretenir la nostalgie d’un décor intemporel inspiré du salon de la princesse Mathilde.

Etapes gourmandes en Pays basque : Les adresses

OSTAPÉ, une auberge en Navarre

Domaine de Chahatoa 64780 Bidarray. Tél. : 05 59 37 91 91

http://www.ostape.com 

 

Atelier ANNE ROZÈS

Boudin de Christian Parra et conserves de produits régionaux

Vente directe, du lundi au vendredi : 9h. – 18 h.

Mendiko Borda – Route d’Hasparren. 64240 – Briscous

A 64 – Sortie n° 3 (direction Hasparren, 1 km à gauche)

Tél. : 05 59 31 56 09  anne-rozes@wanadoo.fr

 

MOULIN D’ALOTZ

Chemin Alotz Errota 64200-Arcangues. Tél. : 05 59 43 04 54

 

HÔTEL DU PALAIS

1 Avenue de l’Impératrice. 64200 Biarritz. Tél. : 05 59 41 64 00

www.hotel-du-palais.com

 

ELKANO

Herrerieta, 2 – 28808 – Getaria (Espagne). Tél. : 943 140024

www.restauranteelkano.com

 

 

TOP 50 : Exacerber le nationalisme culinaire

Le 8ème TOP 50 des meilleurs restaurants du monde, établi par Restaurant Magazine (UK), vient d’être publié. C’est en 2002 que les initiateurs de cette opération financée par plusieurs filiales de Nestlé, se sont appliqués à faire du Catalan Ferran Adria le héros d’une légende planétaire, l’année même où il décidait de fermer son restaurant au déjeuner pour n’accueillir qu’une soixantaine de couverts le soir pendant cinq mois par an, selon le principe de base du marketing : raréfier l’offre pour renforcer la demande. Feran Adria (El Bulli) était, bien entendu le numéro 1 de ce premier classement, suivi par le Britannique Heston Blumenthal (The Fat Duck) qui a du fermer son établissement pendant trois semaines en mars 2009 à la suite de diarrhées et vomissements constatés chez plusieurs centaines de ses clients.

Les années suivantes, jusqu’en 2006, le tiercé, dans l’ordre ou le désordre, se bornait à départager ces deux chefs avec l’Américain Thomas Keller, adepte des arômes de truffe blanche de synthèse dont il n’hésitait pas à badigeonner d’admirables saint jacques du Maine ( Per se à New York).

Depuis 2006, le Catalan a occupé chaque année la première place.

Or le voici détrôné en 2010 par un jeune chef Danois inconnu, à l’enseigne de Noma. Le voici condamné à n’être connu que pour sa notoriété !

Comment est organisé  ce classement ?

La méthode est la suivante : on demande à des groupes informels – copains, restaurateurs, folliculaires – de désigner cinq noms de chefs – les meilleurs selon eux – chez lesquels ils ont fait un repas dans l’année écoulée. Ainsi est constitué, de bric et de broc, un pseudo « jury mondial » de 800 personnes (chiffres 2009) qui dispose donc de 4 000 suffrages.

Comment avec de tels ingrédients, faire un Top 50 ?

Au pays de Sherlock Holmes, c’est élémentaire mon cher Watson !

Il suffira de ne publier ni la dispersion (nombre de chefs cités), ni les écarts (nombre réel de voix obtenues par chacun). Comme aucun n’institut de sondage ayant un minimum de déontologie, ni aucun huissier, ne sont invités à contrôler la sincérité du scrutin, il est clair que ce palmarès ne vise à satisfaire que les intérêts des industriels de l’alimentation, l’industrie chimique, les fabricants d’arômes synthétiques dont est friande la cuisine dite moléculaire, tous ingrédients commercialisés par El Bulli sous le nom de « Texturas.»

Il s’agit donc d’une grande supercherie. Accessoirement, on relèvera que le passage de El Bulli en seconde position intervient au moment où une action judiciaire est intentée par les ayants droit de l’un des anciens associés de Ferran Adria qu’ils accusent d’avoir spolié leur père, atteint d’une maladie bipolaire irréversible. De là à penser que toute la stratégie de « retrait » d’Adria, voire la prochaine transformation d’El Bulli en Fondation, serait une manière d’échapper aux éventuelles conséquences pénales prononcées la justice espagnole, il n’y a qu’un pas.
Pour le reste, ce classement est un tripatouillage parfaitement inconsistant.

Le 1er restaurant français est le Chateaubriand, un bistrot à la mode de l’Est parisien, devant Pierre Gagnaire (13è), l’Astrance (16è), L’Atelier de Joël Robuchon (29è), Ducasse au Plaza Athénée (41è) et la Maison Troisgros (46è).

 

Six restaurant français parmi les cinquante, quand quatre Espagnols figurent dans les dix premiers ! Il faut voir là, la main de Rafael Anson, patron d’un grand groupe de communication, principal artisan de toute l’affaire, ancien membre de cabinets ministériels lors de la transition franquiste et président de l’Académie gastronomique d’Espagne, un proche de Ferran Adria.  Arriba España !
Ce classement mondial imaginaire, dont sont quasiment absents les restaurants asiatiques, est sous tendu par l’idée qu’une cuisine planétaire est en train d’émerger sous l’égide de  l’industrie agroalimentaire. Or c’est exactement l’inverse que cherchent, à travers la protection de l’environnement et la biodiversité, les sociétés développées. Il ne reste de ce classement qu’une sinistre crispation  nationaliste, puisque l’accent est mis, non sur la typicité des cuisines ( Oh, Philippe Rochat, que venez vous faire en 14ème position de cette galère ?) mais sur les nations représentées.

http://www.theworlds50best.com/

Tables Asiatiques

Cuisine japonaise

WADA

Le discret Hidéo Yamaguchi choisit ses poissons  chez les meilleurs  mareyeurs de Rungis : bar de ligne, saumon label rouge, thon… pour confectionner sushi et sashimi, roses de saumon parfumé au saké ou bien poissons marinés sur un lit de légumes. Le riz et la soupe miso accompagnent ces merveilles. Décor très modeste ; prix en conséquence. Service naturellement courtois. Menus (déj.) : 20 € – 35 €. A la carte, 30 €.

19, rue de l’Arc-de-Triomphe 75017-Paris. Tél. : 01-44-09-79-19. Fermé le dimanche.

 

Grande cuisine chinoise

CHEN – SOLEIL D’EST

La cuisine étincelante de Fung-Ching Chen, génial cuisinier de la région de Wenzhou (l’Aveyron chinois) étoilé Michelin en 1999, est fidèlement reproduite depuis sa disparition par la brigade sur laquelle veillent Mme Chen et Jean Le Glohaec, ancien maître d’hôtel du Maxim’s de Pékin et professionnels exigeant. Le choix est volontairement restreint – qualité oblige ! – mais chaque préparation est maîtrisée, de la chair de tourteau et fond clair de langoustines, aux cuisses de grenouilles sautées au sel et poivre de Se Tchuang ou bien du fameux canard pékinois et encore du tan yuang aux fleurs de laurier, dessert d’une grande finesse. Cave très soignée.

Menu : 40 € (déj.) – 75 €. A la carte, compter 80 €.

15, rue du Théâtre. 75015 – Paris. Tél. : 01-45-79-34-34. Fermé dimanche.

 

Grande cuisine chinoise

CHEZ VONG

Vong Vai Kuan, a installé depuis 25 ans une aimable auberge campagnarde dans les sous-sols d’un ancien madataire. Cuisine garantie sans glutamate, réalisée avec des produits labellisés ou d’A.O.C., et des préparations « maison » : poulets de Bresse, canettes de Challans et bœuf de Normandie. Le visage du chef s’éclaire de plaisir lorsqu’on lui commande simplement un « menu de saison » à sa fantaisie. Délicieux accueil de Mme Vong et service d’un parfaite courtoisie.

Menu (au déj.) : 23 €. A la carte, compter 35 € / 45 €

10, rue de la Grande Truanderie.75001 – Paris.Tél. : 01-40-26-09-36. Fermé le dimanche.

 

Cuisines asiatiques

CHEZ LY

Le décor semble être celui d’un film d’espionnage des années 1970. Mais confortable, cossu même, où familles du quartier et nombreux asiatiques viennent partager des plaisirs éclectiques. Ce sont les cuisines de Hong-Kong, de Thaïlande et du Vietnam, dont Madame Sy Ly, explique volontiers les nuances, les produits, les sauces (soja, nuoc-mam) : salade de crevettes à la citronnelle, raviolis aux crevettes vapeurs, crevettes au lait de coco, canard laqué à la cantonnaise façon Hong-Kong, sole au caramel ou raviolis cantonnais aux légumes. Menus 19 € / 35 € A la carte, compter 45 €

95, avenue Niel / 75017 Paris. Tél. : 01-40-53-88-38. Tous les jours. Voiturier.

 

Cuisine vietnamienne

KIM ANH

Kim Anh reste l’invisible magicienne, qui envoie à la minute des plats d’une fraîcheur incomparable. Son mari, disparu depuis peu, n’est plus là pour commenter avec sagesse les préparations de son épouse, mais l’esprit qu’il a su donner à cette maison dans la verdure, subsiste. Le sampan d’ananas frais en salade, le rouleau impérial au crabe et crevettes, demeurent sans rivaux à Paris. De même le suprême de mer aux crevettes sur canapé ou bien le crabe farci, d’une incomparable finesse. Les plats généreux qui ont fait la réputation de l’établissement demeurent : la salade de bœuf émincé au citron vert, le potage au tamarin, ou bien les grosses crevettes parfumées en cocottes. Service féminin très aimable. Menu au déj. avec un verre de vin : 25 €. Menu gastronomique (le soir) : 34 €. A la carte, compter 30 €.

51, avenue Emile Zola . 75015 – Paris. Tél. : 01-45-79-40-96. Fermé samedi midi, dimanche et lundi soir. Ouvert midi et soir, les autres jours.

Une troisième étoile pour Daniel à New York

Daniel Boulud a obtenu le 5 octobre 2009 une troisième étoile pour son restaurant Daniel, dans la cinquième édition du Guide Michelin de New York City. Il est le troisième chef français a recevoir cette distinction aux cotés de Jean-Georges Vongerichten, pour le restaurant Jean-Georges, et Eric Ripert, pour Le Bernardin. Deux autres restaurants avaient obtenu précédemment les trois macarons : le japonais Masa, de Masa Takayama, et le Per Se du chef californien Thomas Keller.

Correspondance : Quelques figues, des radis confits, un cœur de palmier fondant…c’est le cortège habituel d’une dorade de belle taille chez Daniel. Clin d’œil à la modernité, la cuisson se fait à la plancha ; concession à la tradition classique, l’assiette est dressée sur un « guéridon .» Le résultat est un plat gourmand et sensuel servi avec maestria par un personnel en parfait accord avec l’esprit du lieu. A la suite, l’agneau de lait au grand complet avec le ris et la tête croustillante – sous bonne escorte de chanterelles – est accompagné d’un riz safrané. L’automne s’annonce déjà sur la carte avec la grouse farcie au foie gras, céleri, salsifis caramélisés et sauce parfumée au calvados (Antoine Ribaut, NYC dîner du 22 septembre 2009)

Le Lyonnais Daniel Boulud participait à la manifestation du Fooding à New York, les 27 et 28 septembre dernier. Rappelons que les deux éditions du Michelin de la Côte ouest ne paraîtront pas cette année.

Daniel au Fooding d'Amour
Fooding d’Amour, NYC le 27/09/09 © Filippa Edberg

Les triploïdes – huîtres stériles – font des petits

Cela semble incroyable, mais des huîtres réputées stériles, les fameuses triploïdes, se seraient reproduites récemment. Est-ce la blague de l’été ? La source est des plus fiables, mais aucune vérification, pour le moment, n’a été possible. L’information doit donc être accueillie avec les plus expresses réserves. L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) est silencieux. Rappelons que ce sont les chercheurs de cet organisme public qui ont réussi, en 1997, à isoler des chromosomes normalement expulsés lors de la fécondation des huîtres. Les larves tétraploïdes (à 4 jeux de chromosomes), croisées à des diploïdes normales (qui ne possèdent que 2 jeux) ont donné naissance à une nouvelle variété à 3 jeux de chromosomes : la triploïde stérile, incapable de se reproduire. Elle ne connaît pas l’état laiteux des huîtres en été. Ses avantages ont été jugés multiples : consommation toute l’année sous le nom poétique d’huître des quatre saisons, temps de croissance supérieur d’environ 40%, ce qui entraîne un raccourcissement  de l’affinage, donc un moindre coût et, de ce fait, une bien meilleure rentabilité.  Une huître sur deux, aujourd’hui serait une triploïde. Seule ombre au tableau, la manipulation permettant la production de cette huître stérile ne peut être réalisée qu’en laboratoire, sous peine de voir des tétraploïdes lâchées dans la nature. Ce qui pourrait entraîner la disparition des diploïdes estiment certains experts. Mais personne n’avait imaginé qu’une adaptation génétique, si c’est le cas, puisse à ce point et aussi vite rendre à l’huître sa sexualité naturelle. A moins que là aussi, le réchauffement climatique….  

Actualités


FOOD Inc. / Les Alimenteurs

Le documentaire de Robert Kenner « FOOD Inc. » sorti récemment à New-York, fait quelque bruit dans la presse américaine. La version française est distribuée au Canada depuis le 19 juin sous un titre particulièrement judicieux : Les Alimenteurs. C’est la description, témoignages à l’appui, des pratiques quasi maffieuses de l’agroalimentaire – Monsanto en tête. Le verra t’on à Paris ?

Daniel Boulud renouvelle l’art de la saucisse

Début juin, le grand cuisinier Daniel Boulud a ouvert un nouvel établissement dans le Lower East Side à Manhattan. C’est, selon lui, un nouveau restaurant-concept alliant l’esprit d’une brasserie traditionnelle avec le « diner » typiquement New-yorkais, astucieusement appelé DBGB, comme un clin d’œil au fameux bar rock des années 1980.

photo © Filippa Edberg

Le chef Jim Leiken, natif de New York, en a pris les commandes après avoir fait ses débuts chez Daniel et au DB Bistrot moderne. Il n’a pas oublié les Kneidelach, l’une des spécialités les plus populaires de la cuisine Ashkénaze que lui a enseigné sa grand-mère et s’est aussitôt adapté à la préparation des recettes de saucisses conçues par Daniel avec l’aide de son ami charcutier et champion de France du fromage de tête, Gilles Verot (www.verot-charcuterie.fr) Le produit d’appel est avant tout le hot-dog maison de 25cm ($9). Rien à voir avec ceux du coin de la rue ! La carte n’offre pas moins de quatorze saucisses de France et d’Europe : La Beaujolaise, marinées dans du vin rouge et cuite dans le marc servie avec des lentilles ; la toulousaine, préparée avec du porc et du canard fumé et présentée comme un cassoulet ; la Kielbasa Polonaise, accompagnée de betterave et de raifort ; la Viennoise, style Kaisekrainer, avec sa choucroute marinée à la bière. Et aussi la Tunisienne à la façon d’une merguez sur un lit de pois chiche, citron et épinard, aux épices du Mahgreb. Pas moins de vingt quatre bière sont servies à la pression.  Daniel Boulud espère même proposer un vin de table de Long Island qui sera mis sous pression en fut !

C’est donc un changement de registre pour le grand chef new-yorkais qui a imaginé ce projet depuis plus de deux ans, bien avant la crise. Un décor totalement ouvert sur la cuisine crée un lieu chaleureux et convivial. « Ici, pas de nappes blanches », précise Daniel qui entend rester dans l’esprit de ce quartier historiquement populaire. Néanmoins, quelques privilégiés peuvent être au cœur de l’action, grâce à une salle à manger privée installée dans la cuisine.

  photo © Filippa Edberg

Les cuisiniers français haut de gamme aux Etats-Unis sont attentifs aux évolutions d’une société curieuse et mobile, aussi prompte à encenser qu’à détester. Daniel Boulud, chez DB Bistro moderne, avait réglé la question du hamburger avec son DB burger, mélange de viandes hachées, foie gras et truffes, et aussi le problème de la modernité par une cuisine transgressive dans ses appellations ( Tomato tarte Tatin ), mais assez classique dans la forme. Dans son établissement principal – Daniel – l’ambiance est autre, rodée à l’américaine, le service affairé et chaleureux et la cuisine très précise, le plus souvent exquise qui n’a pas eu l’heur de convaincre totalement le Michelin qui ne lui a accordé que deux macarons. Daniel Boulud, lyonnais, porte un regard serein et lucide sur la situation : « Nous avons dû baisser nos prix, admet-il, pour pouvoir rester dans la course. »

DBGB

299 Bowery, New York (entre Houston et 1th Street)
Tel. 212.933.5300

Horaires d’ouverture
Lundi: 17h30 – 23h
Mardi au Jeudi: midi – 23hr
Vendredi: midi – 1hr du matin
Samedi: 11h – 1h du matin

Dimanche 11h – 23h

Disparitions : Jean Hugel, Paul Avril, Serge Melloni

Your browser may not support display of this image. « Le vrai tombeau des morts, c’est le coeur des vivants » disait Jean Cocteau, rarement aussi bien inspiré dans ses aphorismes. Trois grands disparus, ces dernières semaines, nous ont rappelé à cette bien triste réalité. Jean Hugel, vigneron alsacien, vient de nous quitter. Né en 1924 à Riquewihr, berceau de sa famille depuis 1639, Jean Hugel a dirigé la Maison Hugel avec ses deux frères, Georges & André, de 1948 à 1997. Retraité très actif, Jean n’a véritablement décroché qu’à l’annonce de la maladie qui devait l’emporter. Il a œuvré avec cœur et détermination pour l’Alsace et ses vins exceptionnels que sont les Vendanges Tardives et les Sélections de Grains Nobles en rédigeant le texte législatif fixant les conditions de production de ces vins après sept années de lutte. Ses neveux, Jean-Philippe, Marc et Etienne, ont partagé son savoir-faire, son enthousiasme et sa volonté de porter haut les couleurs de l’Alsace. Ils continueront à œuvrer avec cette détermination qu’il leur a légué : faire toujours mieux. 

Un destin comparable attendait Paul Avril, vigneron à Châteauneuf-du-Pape, décédé le 13 juin 2009 à l’âge de 72 ans. Il était une figure majeure de l’appellation, et exerça des responsabilités nationales à la présidence du conseil permanent de l’INAO de 2000 à 2002 et en qualité de membre du comité national des vins et eaux de vie pendant plus de trente ans. Il était également, président du comité régional Vallée du Rhône de l’INAO de 1987 à  2000. Impliqué très tôt dans la défense de l’AOC Chateauneuf-du-Pape, il a contribué avec intelligence et un grand sens du dialogue à la défense de la notion d’appellation d’origine contrôlée et de terroir. En 2007, Paul Avril a eu la satisfaction de voir son vin, « clos des papes 2005 », classé « meilleur vin rouge du monde » par la revue américaine Wine Spectator. Son fils lui succède à la tête de du domaine.

La mémoire de Serge Melloni, maître d’hôtel puis directeur de la salle à l’Oustau de Baumanière, restera à jamais gravée dans le souvenir de ceux qu’il a servi, affable, précis, attentif et fier comme un seigneur. Né en Italie, il en gardait les sonorités musicales de la langue. Il n’était pas un personnage de la Comedia dell arte, plutôt un compagnon de Dante Alighieri, lorsqu’il visita le Val d’Enfer qui inspira la Divine Comédie. Figure de Ciacco, le gardien du Cercle des Gourmands ? Pas vraiment, car il n’y avait aucune noirceur dans son dessein qui était de servir la gloire de l’Oustau aux côtés de Jean-André Charial, maître des lieux à la suite du fondateur de l’établissement. Son destin, accroché à la rocaille des Baux a été interrompu par la maladie donnant raison, hélas, au propos de Montaigne : « Chaque jour est un pas vers la mort. »