Les triploïdes – huîtres stériles – font des petits

Cela semble incroyable, mais des huîtres réputées stériles, les fameuses triploïdes, se seraient reproduites récemment. Est-ce la blague de l’été ? La source est des plus fiables, mais aucune vérification, pour le moment, n’a été possible. L’information doit donc être accueillie avec les plus expresses réserves. L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) est silencieux. Rappelons que ce sont les chercheurs de cet organisme public qui ont réussi, en 1997, à isoler des chromosomes normalement expulsés lors de la fécondation des huîtres. Les larves tétraploïdes (à 4 jeux de chromosomes), croisées à des diploïdes normales (qui ne possèdent que 2 jeux) ont donné naissance à une nouvelle variété à 3 jeux de chromosomes : la triploïde stérile, incapable de se reproduire. Elle ne connaît pas l’état laiteux des huîtres en été. Ses avantages ont été jugés multiples : consommation toute l’année sous le nom poétique d’huître des quatre saisons, temps de croissance supérieur d’environ 40%, ce qui entraîne un raccourcissement  de l’affinage, donc un moindre coût et, de ce fait, une bien meilleure rentabilité.  Une huître sur deux, aujourd’hui serait une triploïde. Seule ombre au tableau, la manipulation permettant la production de cette huître stérile ne peut être réalisée qu’en laboratoire, sous peine de voir des tétraploïdes lâchées dans la nature. Ce qui pourrait entraîner la disparition des diploïdes estiment certains experts. Mais personne n’avait imaginé qu’une adaptation génétique, si c’est le cas, puisse à ce point et aussi vite rendre à l’huître sa sexualité naturelle. A moins que là aussi, le réchauffement climatique….  

Chirac aime les cocktails

Président, on le croyait amateur de bière Corona; mais non, redevenu simple citoyen, Jacques Chirac adore la Pina colada ( rhum blanc, rhum brun, jus d’ananas et lait de coco) et le rhum arrangé à l’ananas (rhum blanc, jus d’ananas et gousses de vanille) qu’il vient déguster de temps à autre à la Rhumerie sur le boulevard Saint Germain.

Un nouveau critique gastronomique au New York Times

Sam Stifton, 43 ans, jusque là rédacteur en chef des pages culturelles, remplace Frank Bruni à la tête de la rubrique gastronomique du New York Times. Il s’était exercé déjà à la critique gastronomique dans les pages dominicales du quotidien new-yorkais. Frank Bruni, son prédécesseur, avait la dent dure, qualifiant la cuisine de Benoit, brasserie créée par Alain Ducasse l’an passé, de : « French cuisine endormie.» Moins dure toutefois que celle de son collègue Arthur Lubow qui, en 2003, avait annoncé le décès de la cuisine française dans un brûlot publié par le New York Times le 10 août (et non en 2001 comme l’a écrit récemment notre confrère F-R. Gaudry dans l’Express), soit quelques mois après le refus de la France de s’engager dans la guerre d’Irak (mars 2003). Ce papier : « How Spain became the new France ! » qui a fait grand bruit, saluait la révolution culinaire orchestrée par Ferran Adria en Espagne, dirigée à l’époque par un fidèle allié de la Maison Blanche, José-Maria Aznar. Arthur Lubow n’avait jamais écrit sur la cuisine. Il n’a jamais rien publié depuis sur ces questions, ni dans le New York Times, ni ailleurs. Allez savoir pourquoi ? Le mystère reste entier.

CITRUS ETOILE

Gilles Epié au Citrus Etoile aime marquer le passage des saisons par quelques plats nouveaux, dans des préparations simples destinées surtout à valoriser le produit. Ainsi, à l’automne dernier le cèpe entier, cuit à la vapeur, était accompagné d’un sabayon léger. Un délice. Il a mis au point pour l’été – car son restaurant reste ouvert en août – une entrée de chair d’araignée de mer tiède en aigre doux au romarin. La chair du crustacé, soigneusement décortiquée, mêlée à un peu de mayonnaise vinaigrée, forme une galette poêlée, croustillante en surface , et servie sur une assiette avec deux traits de sauce acidulée. Un brin de romarin pour planter le décor. C’est une recette de la côte est des Etats-Unis, dépouillée, clarifiée et surtout gourmande (29 € à la carte) qui connaît un vif succès. Menus midi et soir : 45 €.

Araignée de mer tiède en aigre doux

6, rue Arsène Houssaye.75008 – Paris. Tél. : 01 42 89 15 51. Fermé samedi et dimanche. Voiturier

CHEZ VONG

Originaire de Shanghaï, le chef Vong met depuis 25 ans son talent au service des canettes de Challans, des volailles de Bresse du bœuf de Normandie et n’hésite pas à indiquer sur sa carte que l’emploi de glutamate de sodium est prohibé. « Chef, faites nous un menu d’été !» Son visage s’éclaire ; il file en cuisine et envoie à la suite une salade de méduse au poulet d’une surprenante fraîcheur, un plat de cuisses de grenouilles croustillantes au gingembre, une dorade grillée parfumée au basilic et au citron vert accompagnée d’une pâte de riz à la sauce de sésame. Une nouveauté : la glace au gingembre que l’on déguste avec une mangue fraîche.
10, rue de la Grande Truanderie, 75001 Paris. Tél. : 01-40-26-09-36. Fermé le dimanche. Réouverture le 21 août.Voiturier.

Grandes tables ouvertes en août

Les étrangers, touristes et autres visiteurs fortunés, qui séjournent à Paris au mois d’août, trouvaient généralement porte close dans les établissements qui font à l’étranger la réputation de la table française. C’est en train de changer, comme un effet du hasard ou plutôt de la crise. Les prix restent élevé – hélas !- malgré quelques formules avantageuses (menus). C’est de la haute couture et non du prêt à manger.

GUY SAVOY

La nouveauté dans ce 3 étoiles parisien parmi les plus en vue, c’est la « Proposition Estivale » à 125 €, servie chaque jour au déjeuner et après 22h00 pour tous ceux qui aiment prolonger les soirées (jusqu’à la fin août). La carte promène les convives depuis l’océan avec l‘huître en nage glacée transparente. Colors of caviar est pour Guy Savoy une occasion de présenter les œufs d’esturgeon – l’osciètre et le royal – avec une purée de haricots verts et un sabayon mousseux au caviar sévruga. C’est une constante de la carte d’été que de présenter dans une même assiette une déclinaison du produit dans ses formes diverses. Ainsi avec les Tout petit pois, cuits, crus, en salade, ou bien dans Autour de la tomate, c’est la variété coeur de bœuf qui est proposée en tartare, hachée, en gelée et servie avec un coulis d’herbes fraîches, amandes hachées et huile de ciboulette. La langoustine, finement tranchée à cru, est accompagnée d’une salade d’herbes aromatique. Tout est dans la mesure et l’élégance retenue. La connivence s’établie dès l’entrée ; poissons, crustacés et viandes suivent dans des recettes qui rivalisent de subtilité. Le service suit pas à pas, avec attention, ces prouesses quotidiennes jusqu’aux desserts de grand-mère qui concluent un grand moment de plaisir

18, rue Troyon 75017 – Paris Tél. 01 43 80 40 61. Ouvert en août. Fermé samedi midi, dimanche et lundi. Voiturier.

MICHEL ROSTANG

La cuisine de Michel Rostang ( 2 étoiles Michelin) relève d’un enracinement qui renvoie à un âge paysan dont nous sommes issus en majorité à une ou deux générations. La recherche des bons produits lui sert de prétexte à un salutaire retour à l’essentiel, qui est la vérification minutieuse de l’authenticité des matières qui serviront à ce que Escoffier appelait la grande transformation. C’est à dire le grand classicisme avec, en prime, l’émotion gourmande d’un omble chevalier roulé dans sa peau cuit meunière, nappé d’un beurre d’oseille, servi avec une galette de pommes de terre fumées. Avec le carré d’agneau « Allaiton » fourré de pieds paquets, c’est la touche provençale qui n’est jamais bien loin dans cette cuisine, tandis que l’admirable canette de Miéral au sang en deux services – à peine rôtie à la commande, puis présentée en salle sur un guéridon, est ensuite découpée finement, puis assemblée avec le jus de la carcasse en réduction de vin rouge, lié au sang avec un peu de foie gras, les cuisses étant réservées et grillées. Marie Claude Rostang, ou parfois Caroline, ajoutent la note de charme à un service chaleureux et précis. Sommelier d’expérience. Un menu ( 159, 50 €) donne la juste mesure du talent d’une des grandes tables parisiennes.

20, rue Rennequin. 75017 – Paris. Tél. : 0147 83 40 77. Fermé samedi midi, dimanche et lundi midi. Voiturier.

L’ARPEGE – ALAIN PASSARD

Après une période « tout légume » et la mise en culture d’un premier jardin dans le Val de Loire et d’un second en Normandie, Alain Passard ( 3 étoiles Michelin) semble revenu de la stricte observance végétarienne. Ses acquis sont considérables : jamais betterave de pleine terre n’avait connu d’assaisonnement aussi ajusté que celui d’un vieux vinaigre de Modène de douze ans d’âge ; jamais un velouté potager et crème soufflée au lard, d’accompagnement aussi judicieux que le panais, le rutabaga et le céleri. Il a réhabilité le chou pommé, la carotte, le navet, la rave. Ils réussissent à jouer les premiers rôles quand ils n’étaient que figurants au théâtre culinaire. Rien ne semble devoir arrêter cette puissante créativité qui, en été, donne toute la mesure de l’activité maraîchère : la tomate naturelle, de pleine terre, noire de Russie, cœur de bœuf, rose de Berne ; l’aubergine ronde de Valence, le navet globe en robe des champs multicolore comme un Arlequin ; les fines ravioles potagères servies dans un consommé végétal… Le retour des volailles (pigeonneau, canne croisée sauvage, coucou de Rennes) nous rappelle qu’avant d’être un cuisinier subtil, Alain Passard était un excellent rôtisseur. Il reste un pâtissier inspiré avec sa tarte aux pommes « brevetée » boutons de roses.

84, Rue de Varenne. 75007 Paris. Tél. : 01 47 05 09 06. Fermé samedi et dimanche. Ouvert en août.